Après le passage à 30 km/h, puis 20 km/h dans certaines zones, la Mairie de Paris vient d’instaurer une limitation à 5 km/h sur plusieurs axes majeurs, transformant la ville Lumière en capitale mondiale de la circulation au ralenti. Depuis, un phénomène inattendu se produit : les cyclistes sont devenus les nouveaux chauffards de la capitale. Les radars, habitués à flasher des Porsche Cayenne, se retrouvent désormais à immortaliser des grand-mères sur leur vélo hollandais.
« C’est une révolution », s’enthousiasme le Commandant Baril de la brigade des excès de vitesse. « Depuis la nouvelle limitation, nos statistiques s’envolent. Hier, nous avons même saisi le vélo d’une grand-mère qui filait à 7 km/h sur son vélo hollandais. Un véritable danger public ! »
Germaine Dupont, 82 ans, la « chauffarde » en question, conteste fermement : « Je ne comprends pas, je pédalais à peine ! Mon petit-fils m’avait même dit que j’allais moins vite que son hamster dans sa roue. » Son vélo, un redoutable engin équipé d’un panier en osier et de roulettes stabilisatrices, a été immédiatement placé en fourrière.
La police parisienne se félicite de ces nouvelles mesures : « C’est formidable », explique un agent, chronomètre en main. « Avant, on courait après les Ferrari. Maintenant, on peut suivre les contrevenants à pied, en faisant notre sport quotidien. Certains jours, on arrive même à les doubler en courant légèrement. Mais ce n’est pas toujours facile, certains seniors ne se laissent pas faire et ne sont pas toujours évidents à rattraper : ils connaissent tous les raccourcis depuis 1950.
Marcel Dupont, 75 ans, assume totalement son nouveau statut de « pilote ». « Moi, j’ai fait le calcul », explique-t-il, ajustant son rétroviseur vélo. « Pendant dix ans, j’ai perdu un temps fou à respecter les sens interdits. Maintenant que j’ai le temps, je le rattrape sur les grandes artères. Mon petit-fils m’a même offert un compteur de vitesse pour Noël – il paraît que je fais du 35 km/h dans la descente de Belleville! »
Les piétons quant à eux commencent à s’interroger. Dans certains quartiers, des groupes de marche lente se sont spontanément formés. « On s’entraîne à ralentir », explique Jean-Pierre, 65 ans. « La semaine dernière, j’ai failli me prendre une amende parce que je marchais trop vite en allant chercher mon pain. Depuis, je fais du tai-chi en marchant, ça aide à rester sous la limite. »
La mairie envisagerait déjà des solutions innovantes : des radars nouvelle génération équipés de détecteurs de sonnettes, des stages de remise à niveau pour cyclistes trop pressés, ou encore des limitations de vitesse différenciées selon l’âge du cycliste et la taille des mollets.
« C’est simple », explique un expert en mobilité urbaine, « nous sommes face à une génération de seniors qui a grandi avec Jacques Anquetil et qui rêve secrètement de gagner le Tour de France entre deux courses chez le boulanger. »