Scandale dans la presse en ligne ! Une enquête exclusive révèle les dessous inavouables du journalisme putaclic. Ces titres qui vous font vibrer, ces points de suspension qui vous tiennent en haleine, ces « vous n’en reviendrez pas » qui vous font frémir… tout cela n’aurait qu’un seul but : vous faire cliquer frénétiquement comme un hamster cocaïnomane sur sa mangeoire.
Nos reporters ont infiltré les rédactions pour comprendre cette épidémie de points de suspension. « Le plus dur, c’est de trouver le bon moment pour les placer… » nous confie un journaliste sous couvert d’anonymat, avant d’ajouter « …mais je ne peux pas vous en dire plus ».
Des experts tirent la sonnette d’alarme : la dépendance aux clics serait devenue incontrôlable. Les symptômes ? Une irrésistible envie de découvrir pourquoi « cette grand-mère de 92 ans a choqué les médecins… » ou « ce que les garagistes ne veulent surtout pas que vous sachiez sur… » ou encore « Ce que regrette le plus Josiane Balasko… ».
Les rédacteurs en chef se défendent : « Nos lecteurs adorent passer 15 minutes à scroller dans un article vide pour découvrir qu’il n’y a rien à découvrir. C’est comme un jeu de piste, mais sans trésor à la fin. Et en plus on leur refourgue un peu de pub ! »
« Le journalisme moderne, c’est savoir placer stratégiquement trois paragraphes entre chaque publicité pour couettes en bambou », explique Jean-Michel Clic, rédacteur en chef de « Actu-Suspense.fr ». « D’ailleurs, on ne peut pas se contenter de relayer les offres Lidl toute l’année. Il faut diversifier : aujourd’hui une crème anti-âge miracle, demain une dashcam à -70%, après-demain une ceinture amincissante connectée… »
Son confrère de « Info-Mystère.com » renchérit : « L’important, c’est de garder le lecteur en haleine avec des phrases comme ‘La suite va vous étonner’ ou ‘Continuez à lire pour découvrir le secret’.
Pour générer encore plus de clics, certains sites auraient même embauché d’anciens auteurs de séries Netflix, spécialistes du cliffhanger permanent. « C’est un investissement nécessaire », justifie un responsable qui souhaite rester anonyme, « Comment voulez-vous vendre des compléments alimentaires miraculeux sans un minimum de suspense ? »
La situation serait si grave que même cet article ne vous apprendra rien. Mais vous avez quand même cliqué, n’est-ce pas ?