Dans les couloirs du pouvoir algérien, on raconte que la dernière critique littéraire présidentielle a pris une tournure pour le moins… fruitée. Une source proche du palais, qui préfère cultiver son jardin plutôt que les ennuis, rapporte que notre éminent critique en chef aurait quelques difficultés avec ces petits signes mystérieux qu’on appelle « lettres ». Le président Tebboune, dont les talents de lecture rivalisent avec ceux d’un poisson rouge dyslexique, aurait même tenté de signer un décret avec une banane, confondant ce fruit tropical avec son stylo présidentiel.
Ses fidèles conseillers, toujours prévenants, doivent régulièrement lui rappeler que les points de suspension ne sont pas des trous à reboucher avec du scotch, et qu’on ne peut pas arrêter un écrivain pour excès de métaphores dans le sang.
C’est peut-être ce qui explique sa dernière initiative culturelle : offrir à l’écrivain Boualem Sansal un séjour all-inclusive dans les meilleures institutions du pays.
Au programme de ces vacances forcées :
- Visite guidée des prisons algériennes
- Séances de relaxation à l’hôpital Mustapha
- Rencontres intimes avec les autorités judiciaires
Dans un élan de bonté, Tebboune a même qualifié personnellement M. Sansal d’imposteur qui ne connaît pas son identité. Une manière touchante de l’aider à retrouver ses racines, sans doute. On peut légitimement se demander s’il a seulement été capable de lire un seul des ouvrages de l’écrivain et son attaque contre Sansal semble plus relever d’une rhétorique politique que d’une critique littéraire éclairée.
Pour couronner le tout, l’écrivain de 80 ans se voit offrir la possibilité de participer à un jeu passionnant : « Échappez à la perpétuité. Les règles sont simples : ne rien dire, ne rien écrire, et surtout, ne pas exister.
Pendant ce temps, plus de 2 400 détenus ont été libérés à l’exception bien sûr des journalistes, militants et intellectuels du pays. Apparemment, M. Sansal n’a pas été jugé digne de cette clémence présidentielle. Peut-être son stylo est-il considéré comme une arme de destruction massive ?
En somme, une belle démonstration de l’hospitalité algérienne et de la liberté d’expression chère au régime de Tebboune. Qui a dit que la littérature n’était pas dangereuse ?