Dans une initiative qui fera date dans l’histoire de la créativité fiscale, la Commission européenne vient d’approuver le principe d’une « Contribution Citoyenne à la Démocratie Participative », rapidement rebaptisée par le public « Taxe sur le Silence ». Cette mesure, qui cible exclusivement les communes de moins de 10 000 habitants, entend « dynamiser la participation démocratique locale » en imposant financièrement ceux qui préfèrent garder leurs opinions pour eux.
Un barème progressif du mutisme
Le montant de cette nouvelle taxe sera calculé selon une formule aussi complexe qu’un débat sur l’urbanisme rural : nombre de conseils municipaux manqués multiplié par le coefficient de bavardage local, le tout divisé par le taux d’abstention aux dernières élections européennes. « C’est parfaitement logique », assure un expert en fiscalité bruxelloise. « Plus vous vous taisez, plus vous payez. »
Des abattements seront toutefois prévus pour certaines catégories : les personnes capables de prouver qu’elles ont murmuré des critiques constructives dans leur cuisine, celles qui ont formulé des objections pertinentes sous leur douche, ou encore les citoyens ayant rédigé des lettres au maire sans jamais les envoyer.
Des maires entre embarras et opportunisme
« C’est une mesure qui va révolutionner nos réunions publiques », confie à mi-voix le maire d’une bourgade de 3 000 habitants. « D’habitude, nous parlons entre élus devant une salle vide. Maintenant, nous allons devoir installer des gradins. »
Certains édiles, plus pragmatiques, ont déjà adapté leur calendrier en programmant des réunions à des horaires stratégiques – 4h30 du matin un mardi, ou pendant la finale de la Coupe du monde – afin de maximiser les recettes fiscales.
Une économie parallèle déjà florissante
Dans plusieurs villages, des systèmes D se mettent en place. Des services de « participation par procuration » proposent d’assister aux réunions à la place des contribuables moyennant une somme modique. « C’est toujours moins cher que la taxe », explique un entrepreneur local qui emploie déjà cinq retraités chargés de hocher la tête aux moments opportuns.
D’autres ont lancé des applications permettant de suivre les conseils municipaux en streaming tout en envoyant automatiquement des commentaires générés par intelligence artificielle : « Pertinent ! », « Avez-vous pensé à consulter les riverains ? », ou le très populaire « Et les impôts dans tout ça ? ».
Des effets secondaires inattendus
Dans certaines communes, l’affluence soudaine aux réunions publiques crée des situations inédites. « Nous avons dû faire trois services comme au restaurant », raconte une secrétaire de mairie. « Et le maire a perdu sa voix à force de répéter le même discours. »
Plus étonnant encore, certains sujets habituellement expédiés en quelques minutes – comme l’approbation du dernier procès-verbal – se transforment en débats homériques, chaque participant cherchant à maximiser son temps de parole pour justifier sa présence.
Un système de contrôle sophistiqué
Pour vérifier les présences, l’Union européenne déploiera une armée de « Contrôleurs de la Participation Démocratique », reconnaissables à leur badge en forme de mégaphone. Équipés de détecteurs de silence, ils pourront repérer à 100 mètres les citoyens qui acquiescent sans conviction.
En dernière minute, la Commission précise que les bâillements seront tolérés, mais taxés à un taux réduit de 5,5%, et que les ronflements seront considérés comme « une forme de participation sonore non verbale » entièrement déductible.
Comme le résume avec philosophie un habitant résigné : « Avant, je payais pour ce que je possédais. Maintenant, je vais aussi payer pour ce que je ne dis pas. C’est ça, le progrès. »