Dans le monde improbable des financiers intrépides et des promoteurs audacieux, émerge une figure qui redéfinit le terme « amour du matériau » : Séverine Concrète. À la croisée des gratte-ciels et des carillons de Wall Street, cette dame d’acier, ou plutôt de ciment, s’est taillée une réputation unique : celle de transformer tout ce qu’elle touche en un empire de béton armé.
Le parcours de Séverine est une success story digne d’un conte moderne. Partie de rien — ou plus précisément d’un chantier abandonné à Meaux qu’elle appelait tendrement « mon petit paradis gris » — elle gravit les échelons de la finance avec la détermination d’une truelle mécanique. À l’époque, sa passion pour le béton se manifestait déjà sous des formes originales : un bureau en ciment coulé sur mesure, un tailleur assorti de boutons en gravier poli, et une cafetière à espresso qui pesait plus lourd qu’une Smart.
Mais Séverine ne s’arrêta pas à la simple mode architecturale. Non, elle se lança dans la rénovation à grande échelle. Lorsqu’elle acquit son premier terrain à Versailles, les voisins s’attendaient à un jardin soigné, peut-être même un petit bassin de nymphéas. Ils furent donc quelque peu surpris de voir émerger à la place un cube de béton monumental, surmonté d’une tourelle à l’effigie de Séverine, le tout baptisé « La Citadelle de la Modernité ».
« Les arbres sont surestimés », aime à répéter Séverine, le sourire en coin et le regard d’acier. Son rêve ? Remplacer la verdure de l’Île-de-France par une forêt de piliers et de dalles qui évoqueraient à la fois une jungle urbaine et un hommage à la brutalité des années 70. « Imaginez une balade dominicale où l’air est pur, sans pollen ni oisillons agaçants – juste le doux cliquetis de vos talons sur le ciment poli. Un paradis ! », rêve-t-elle à voix haute.
Lorsqu’on l’interroge sur les préoccupations environnementales et les discours alarmistes sur le climat, Séverine réplique avec une ironie désarmante : « Le réchauffement climatique ? Eh bien, le béton n’a jamais fondu, lui. Pendant que certains s’inquiètent des forêts, moi, je préfère des racines plus solides, en béton fibré ! » Et de conclure avec un rictus : « Un monde sans arbres, c’est moins de feuilles mortes à ramasser et plus de temps pour contempler la beauté brute de l’urbanisme. »
Les rumeurs disent qu’elle planifie un projet encore plus grandiose : le Grand Bloc Parisien, une structure d’un seul tenant qui relierait tous les arrondissements sous un toit de béton continu. Certains la traitent de folle, d’autres d’avant-gardiste, mais Séverine Concrète, elle, continue de marcher droit, chaussée de ses escarpins en gravats compressés.
Et pendant que les récits de son empire circulent, une seule question reste sur toutes les lèvres : le béton finira-t-il par remplacer le marbre dans les salles de bal de l’Élysée ? Séverine, elle, se contente de répondre avec un clin d’œil : « Pourquoi pas ? Après tout, c’est tellement plus durable. »