Portrait exclusif du fondateur de Médiacrasse
Dans les locaux austères de Médiacrasse, situés dans un bunker secret du 20ème arrondissement de Paris, Kim Jong Plenel ajuste son béret à l’effigie de son cousin Kim Jong Un tout en consultant les dernières « investigations » rapportées par ses agents d’élite, autoproclamés « journalistes du peuple ».
Né de l’union improbable entre la sœur d’Edwy Plenel et un diplomate nord-coréen mystérieusement disparu lors d’une partie de bowling diplomatique, Kim Jong Plenel a su créer une synthèse unique entre le journalisme d’investigation et les méthodes d’information nord-coréennes.
« Chez Médiacrasse, nous ne nous embarrassons pas avec ces concepts bourgeois de ‘vérification des sources’ ou de ‘présomption d’innocence' », explique-t-il en caressant son chat baptisé « Pravda ». « La vérité, c’est ce que nous décidons qu’elle est. C’est tellement plus efficace ! »
Le journal, financé par un mystérieux consortium de vendeurs de bérets et de fabricants de papier journal de Pyongyang, s’est fait une spécialité des révélations fracassantes. Parmi leurs derniers scoops : « Emmanuel Macron mange ses croissants avec des baguettes » ou encore « La Tour Eiffel : une antenne de surveillance capitaliste ? ».
La méthode Médiacrasse est simple mais efficace : chaque matin, les journalistes tirent au sort dans un chapeau (nord-coréen) le nom d’une personnalité à « investiguer ». Les preuves sont ensuite fabriquées artisanalement dans l’atelier « Création de Vérité Alternative », situé au sous-sol.
« Notre plus grande fierté », déclare Kim Jong Plenel en montrant une affiche de propagande où il pose aux côtés de ses deux cousins, « c’est notre série d’articles ‘La Corée du Nord : paradis des libertés méconnues' ». Cette série révèle notamment que les camps de rééducation sont en réalité des « clubs de vacances incompris » et que les pénuries alimentaires sont une « méthode révolutionnaire de régime minceur ».
Le dernier éditorial de Médiacrasse, intitulé « Pourquoi la France devrait adopter le modèle nord-coréen de la presse libre », a fait sensation. On y apprend notamment que la censure est une « protection bienveillante contre les fake news » et que le culte de la personnalité est « une forme avancée de coaching en développement personnel ».
Les méthodes d’investigation de Médiacrasse sont tout aussi innovantes : « Nous avons développé une technique unique appelée ‘le complot d’abord, les preuves après' », explique fièrement un journaliste qui souhaite rester anonyme (par habitude). « C’est tellement plus simple quand on n’a pas à se soucier des faits ! »
Le journal propose également des stages de formation pour les apprentis journalistes, avec des modules tels que « L’art de la citation hors contexte », « Photoshop pour débutants militants » ou encore « Comment transformer un dîner entre amis en scandale d’État ».
Kim Jong Plenel conclut notre entretien en annonçant le prochain grand projet de Médiacrasse : une édition spéciale prouvant que la Tour Eiffel est en réalité une fusée spatiale capitaliste déguisée. « Nous n’avons encore aucune preuve », admet-il avec un sourire malicieux, « mais c’est justement ce qui prouve que nous sommes sur la bonne piste ! »
En partant, nous croisons dans le couloir un groupe de « fact-checkers » en train de redresser des faits récalcitrants à coup de marteau et de faucille. Une journée normale à Médiacrasse.