Portrait d’un artiste qui a trouvé son bonheur dans un entrepôt mortuaire
Dans la zone industrielle des Trois-Fossoyeurs, un ancien entrepôt frigorifique reprend vie grâce aux œuvres pour le moins… particulières de Jean-Kevin Lamortuaire, artiste autoproclamé « skull-pteur » professionnel.
« Quand j’ai vu cet entrepôt abandonné, ça a été le coup de foudre », explique l’artiste en réajustant son béret noir orné de petits tibias croisés. « Les murs suintants, l’odeur de moisi, les rats qui jouent à cache-cache… C’est exactement l’ambiance que je recherchais pour mes bébés ».
Ses « bébés », comme il les appelle affectueusement, sont des centaines de têtes de mort moulées dans divers matériaux, allant du traditionnel plâtre au plus surprenant « fromage durci ». « Le camembert bien fait donne un aspect vraiment unique », précise-t-il avec un enthousiasme légèrement inquiétant.
L’exposition permanente, sobrement intitulée « Mes Crânes-Potes », présente des œuvres aux noms évocateurs : « Skull-fié du dimanche », « Tête à tête avec la mort », ou encore son chef-d’œuvre « Robert (mais pas le squelette) ». « Je donne un nom à chacune de mes créations », explique-t-il. « C’est comme une grande famille, sauf qu’ils ne me demandent jamais d’argent ».
L’artiste, qui vit désormais dans un coin de l’entrepôt « pour être plus proche de ses œuvres », avoue avoir enfin trouvé sa place. « Ici, personne ne me juge quand je parle tout seul. Et puis, mes voisins sont plutôt calmes », plaisante-t-il en désignant ses créations.
Son prochain projet ? Une série de têtes de mort inspirées des grands personnages de l’histoire. « J’ai commencé par Napoléon, mais avec le chapeau, ça ressemble plus à une théière macabre », confesse-t-il.
Les visites se font uniquement sur rendez-vous, « de préférence les soirs de pleine lune », précise l’artiste avec un clin d’œil. « Et n’oubliez pas d’apporter une lampe torche. L’électricité n’a pas encore été rétablie… mais ça ajoute au charme, non ? »
Jean-Kevin propose également des ateliers « Skull-pture » pour les enfants. « Les parents sont un peu réticents au début, mais après tout, c’est éducatif. Et puis, ça change des ateliers pâte à sel », ajoute-t-il en riant, un son qui résonne étrangement dans les couloirs vides de l’entrepôt.
Pour l’avenir, l’artiste rêve d’agrandir sa collection : « J’ai encore de la place. Et puis, comme je dis toujours, tant qu’il y a des crânes, il y a de l’espoir ! »