Ghislain Pelichon, 34 ans, voulait simplement acheter un nouveau matelas. Une recherche anodine qui a déclenché une cascade d’événements numériques dont il peine encore à se remettre. « Je voulais juste mieux dormir », soupire-t-il. « Mais les algorithmes ont décidé que j’avais d’autres projets pour ce matelas. »
Le cercle vicieux du ciblage publicitaire
Tout a commencé par quelques publicités suggestives pour des oreillers. Puis l’algorithme a remarqué que Ghislain passait plus de temps sur ces pubs que sur les autres. « Je regardais juste les prix », se défend-il. « Mais la machine a compris autre chose. »
L’escalade numérique
En quelques jours, le fil d’actualité de Ghislain s’est transformé en catalogue pour célibataires en manque d’affection. « Je ne peux même plus regarder une recette de cuisine », déplore-t-il. « Dès qu’il y a une saucisse ou une pêche dans l’image, l’algorithme me propose des sites douteux en rapport. »
Une tentative de sevrage
Ghislain a bien essayé de reprendre le contrôle. « J’ai commencé à cliquer frénétiquement sur des publicités pour du matériel de jardinage », explique-t-il. « Mais l’algorithme a interprété mon intérêt soudain pour les tutoriels de taille des buis comme un nouveau fétichisme. »
L’intelligence artificielle sans intelligence émotionnelle
« Le pire, c’est quand j’essaie de méditer », raconte Ghislain. « Je tape ‘exercices de respiration’ et… disons que les résultats ne m’aident pas à me concentrer sur mon chakra du troisième œil. »
Des solutions contre-productives
Sur conseil d’un ami informaticien, Ghislain a tenté d’utiliser un bloqueur de publicités. « Maintenant, l’algorithme pense que je suis encore plus obsédé puisque je cherche à me cacher », soupire-t-il. « Il m’envoie des pubs codées. Hier, une publicité pour des concombres bio m’a fait un clin d’œil. »
L’effet Streisand numérique
Plus Ghislain tente d’échapper à son profil numérique, plus celui-ci se renforce. « J’ai essayé de noyer les données en regardant des vidéos de chatons », explique-t-il. « Maintenant, je reçois des publicités qui… enfin, vous voyez. » Non, Ghislain, nous préférons ne pas voir.
Un problème sociétal
Le cas de Ghislain n’est pas isolé. Les experts parlent d’un « effet tunnel numérique » où les algorithmes renforcent les comportements qu’ils détectent, créant des cercles vicieux dont il devient difficile de sortir. « C’est comme si vous essayiez de convaincre un barman que vous êtes sobre en titubant », analyse une spécialiste du numérique.
Vers une désintoxication digitale
Aujourd’hui, Ghislain envisage des solutions radicales. « Je pense retourner au minitel », confie-t-il. « Au moins, lui ne faisait pas semblant de me comprendre. » En attendant, il continue de recevoir des suggestions « personnalisées » qui le font rougir devant ses collègues.
« Le plus ironique », conclut-il, « c’est que j’ai fini par acheter mon matelas en magasin. Et maintenant, l’algorithme pense que je collectionne les matelas. Il m’en propose cinq par jour. Avec des options que je préfère ne pas mentionner. »
Cette histoire rappelle que parfois, la meilleure intelligence artificielle serait celle qui saurait nous laisser tranquille. En attendant, Ghislain continue sa quête d’un internet plus innocent, sous le regard bienveillant des algorithmes qui, eux, ne sont pas près de le lâcher.